« Jul a dû se cacher dans la cabane d'une maison... » : la face sombre du rap français révélée dans le livre-enquête "L'Empire"
Le livre-enquête "L'Empire" révèle les liens complexes entre rap français, immense succès commercial et enjeux liés au grand banditisme, mettant en lumière des situations inédites et conflictuelles.
Résumé de l'article
Le livre-enquête "L'Empire" révèle les liens complexes entre rap français, immense succès commercial et enjeux liés au grand banditisme, mettant en lumière des situations inédites et conflictuelles.
L’Empire, c’est un livre événement, une enquête, sur l’univers du rap. Si les rappeurs ont désormais pris le pouvoir dans l’industrie de la musique et génèrent plusieurs millions, ils restent également une cible par le grand banditisme. Souvent, les artistes sont menacés par de l’extorsion, au chantage, à la guerre des clans et même aux meurtres. Le journaliste Paul Deutschman, co-auteur de l’ouvrage, était invité au micro de RTL, ce jeudi 30 octobre, pour dévoiler les coulisses de ce monde.
Par le passé, les rappeurs touchaient 8% des revenus rapportés par leurs propres chansons. Aujourd’hui, ils sont devenus des entrepreneurs et gagnent en moyenne entre 70 et 80%. De quoi faire miroiter à quelques personnes peu recommandables. « Pour certains rappeurs, on prend soin de ne pas essentialiser ni généraliser, il y a des acteurs liés à l’économie illégale, au narcotrafic, qui vont être des producteurs bienveillants ou (exercer) une mécanique de prédation, d’emprise, dont les artistes sont victimes », indique le journaliste.
Le livre pointe notamment l’entourage de Jul. Après la décès de son manager Karim, le rappeur marseillais a compris qu’il s’était fait avoir par les frères du défunt, membres du label de ses débuts : « Ça va jusqu’à une scission. Jul a dû se cacher dans la cabane d’une maison, où il a enregistré ‘My World’, son plus gros succès en termes de vente ». Il a aussi dû céder les droits de ses cinq premiers albums.
Dans "L'Empire", d'autres rappeurs sont évoqués
Intégrer le milieu du rap permet de "toucher de l’argent légal" pour les "narcoproducteurs", d’après Paul Deutschman. Surtout que ces sommes sont faramineuses, comme il l'a pu l'expliquer dans L'Empire. "Depuis trois ans, les annonces ont explosé et les sommes atteignent parfois plusieurs dizaines de millions d’euros pour trois ou quatre albums. Ça attise évidemment une certaine convoitise. (...) Il y a des contrats où plusieurs millions d’euros ont pu être versés via des schémas plus ou moins sophistiqués à des figures du narcotrafic", souligne-t-il.
Certains rappeurs sont eux-mêmes impliqués dans des affaires criminelles, à l’image de Koba LaD, mis en examen en marge de l’évasion de Mohamed Amra. "Son rôle n’est pas direct. Ce n’est pas autant qu’un acteur comme Maes, qu’on évoque dans le livre. Il est directement soupçonné par les enquêteurs d’avoir pu participer à des commandes d’assassinat. Ce qui est assez inédit, en tout cas, nous, c’est le seul rappeur où on a des documents qui étayent cette thèse-là côté policier", rapporte le journaliste.